La Classe de danse Degas Edgar

La Classe de danse

Auteur

Dimensions

H. : 85 cm ; L. : 75 cm

Provenance

Technique

Peinture

Matériaux

Huile sur toile

Datation

1873-1876

Lieu de conservation

France, Paris, musée d’Orsay

Comment Degas renouvelle-t-il la peinture des danseuses de l’Opéra ? Comment traduit-il le corps en mouvement ? En quoi son art de l’instantané n’est-il pas celui du spontané ?

Au XIXe siècle, aller à l’opéra est un des loisirs favoris de l’élite cultivée. Artistes, aristocrates, mais aussi banquiers et financiers, tous se pressent bientôt à l’Opéra Garnier non seulement pour assister aux représentations, mais aussi pour participer aux bals masqués. On y vient autant pour voir les spectacles que pour s’y montrer. Mais avant l’inauguration en 1875 de ce grand bâtiment, conçu par l’architecte Charles Garnier, le théâtre parisien dédié à la musique et aux ballets se trouve rue Le Peletier. C’est dans ce théâtre plus modeste, détruit en 1873 par un incendie, que Degas vient d’abord observer les danseuses qui s’exercent sous l’œil attentif du maître de ballet, Jules Perrot. La Classe de danse image principale du musée d’Orsay témoigne de ses visites dans ce lieu.

Degas : le familier des coulisses et des répétitions

Dans les milieux de l’aristocratie et de la grande bourgeoisie, la musique fait partie de l’éducation : elle est un signe distinctif de ces classes sociales. Degas, qui en est issu, n’échappe pas à cette règle. Dès l’âge de vingt ans, Il fréquente assidûment l’Opéra et sera même abonné en 1885. Familier des coulisses, il aime observer le travail des danseuses au cours des répétitions sur scène ou dans la classe de danse, là où les corps sont mis à rude épreuve. Dans une approche profondément originale, il traque la tension, le mouvement, l’effort, mais aussi les moments de détente. Il rompt ainsi avec la vision stéréotypée des peintres qui ne voient que leur beauté. Dans La Classe de danse, les danseuses du centre, en plein exercice, contrastent avec celles du premier plan, dont l’une se gratte le dos image b. Des attitudes aussi peu gracieuses se retrouvent quelques années plus tard dans Les Repasseuses image 1 (Paris, musée d’Orsay), où là encore Degas cherche à capter le corps en mouvement.

Degas : le peintre du mouvement

La Classe de danse est emblématique des recherches de Degas sur le mouvement. De même que la danseuse répète inlassablement ses pas pour arriver à l’enchaînement voulu, Degas dessine sans relâche pour rendre au plus près l’expressivité des corps image 2. Il nomme ces recherches « ses variations ». Sa quête de perfection l’amène à étudier le corps en trois dimensions par le biais du modelage image 3 : « C’est pour ma seule satisfaction que j’ai modelé en cire bêtes et gens, non pour me délasser de la peinture ou du dessin, mais pour donner à mes peintures, à mes dessins, plus d’expression, plus d’ardeur et plus de vie. » La Classe de danse, comme toutes les œuvres de Degas, semble traduire l’instant et le spontané, mais en réalité, elle est le fruit d’un long travail à la fois graphique, sculptural et pictural.

Degas a traduit l’activité qui règne dans la salle en répartissant les danseuses en trois groupes : celles du fond assises en attente, au centre celles qui s’exécutent sous l’œil sévère et attentif du maître de danse Jules Perrot, enfin les deux du premier plan qui observent leurs camarades. Degas joue des contrastes entre les corps au repos et ceux en mouvement.

Cette recherche s’accompagne d’un travail sur la couleur. En appliquant le blanc des tutus de manière floue et vaporeuse, Degas renforce l’impression de mouvement. Il fait vibrer cette harmonie de blancs en la ponctuant avec les couleurs vives et intenses des ceintures.

Un espace « sous influence »

L’espace de cette salle de classe est représenté de manière tout aussi originale : il se divise en deux parties égales, l’une remplie par les danseuses et leurs mères venues assister aux répétitions, l’autre vide. Cette composition jouant sur le contraste entre le plein et le vide témoigne de l’intérêt du peintre pour l’art japonais. Comme beaucoup d’artistes de sa génération (Manet, Monet…), Degas a admiré et étudié les estampes japonaises, qui présentent souvent ces mêmes particularités dans la construction de l’espace et la répartition des personnages. Avec ce vide au premier plan, Degas permet au spectateur de pénétrer dans l’intimité des répétitions et, comme lui, d’en devenir un observateur silencieux, tapi dans un coin de la salle.

Degas et l’impressionnisme

Degas s’est formé à la peinture en suivant les voies traditionnelles que sont l’apprentissage du dessin, l’étude des grands maîtres, la copie des œuvres au Louvre, le séjour en Italie. Ingres était son modèle. Il avait tout pour devenir un de ces peintres officiels triomphant au Salon. Mais, en exposant avec les impressionnistes, il choisit une autre route : celle de la révolution picturale. Il éprouve le même intérêt qu’eux pour les sujets de la vie moderne : les courses de chevaux, les scènes du quotidien comme Dans un café image 4 (Paris, musée d’Orsay)... Mais Degas ne peut être considéré comme un peintre impressionniste à part entière, car sa démarche artistique s’inscrit dans la grande tradition qu’il admire et qu’il renouvelle, comme Manet l’a fait avant lui. Degas, au même titre que ces novateurs, a ouvert la voie à l’art du XXe siècle.

Mooc Impressionnisme, une vidéo de la RMN-Grand Palais et de la Fondation Orange

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Sonia Brunel

Permalien : https://panoramadelart.com/analyse/la-classe-de-danse

Publié le 19/08/2013

Ressources

Notice et commentaire de l'oeuvre sur le site web du musée d'Orsay

https://www.musee-orsay.fr/fr/oeuvres/la-classe-de-danse-1151

De la classe à la scène, le ballet de l'opéra vu par Degas, sur le site web de l'Histoire par l'image

https://histoire-image.org/etudes/classe-scene-ballet-opera-paris-edgar-degas

Glossaire

Estampe : Images obtenues sur un support papier par impression d’une planche de bois gravée (xylographie) ou d’une plaque de métal, voire d’une pierre dessinée (lithographie). La plaque de métal peut être travaillée selon différents procédés, mécanique (burin) ou chimique (eau-forte), qui définissent plusieurs types de gravure.

Impressionnisme : Courant artistique regroupant l’ensemble des artistes indépendants qui ont exposé collectivement entre 1874 et 1886. Le terme a été lancé par un critique pour tourner en dérision le tableau de Monet Impression soleil levant (1872). Les impressionnistes privilégient les sujets tirés de la vie moderne et la peinture de plein air.