Portrait présumé de Gabrielle d’Estrées et une de ses sœurs la duchesse de Villars Anonyme
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Dessin arrêté pour la partie gauche d’une peinture en forme de lunette décorant la salle principale de l’appartement des Bains, au château de Fontainebleau
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Monna Vanna
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Cette peinture image principale compte parmi les œuvres françaises les plus célèbres du XVIe siècle et, pourtant, le peintre et les circonstances de la commande restent inconnus. Le sujet frappe par son audace : deux femmes nues, vues à mi-corps, partagent un bain. L’une pince le téton de l’autre. Toutes deux regardent le spectateur.
Interprétation du tableau
Les dames au bain sont traditionnellement identifiées comme étant, à droite, Gabrielle d’Estrées, maîtresse du roi Henri IV de 1591 à 1599, et, à gauche, sa sœur, la duchesse de Villars.
Gabrielle d’Estrées est la « presque reine ». Après la naissance en 1594 de leur fils légitimé César de Vendôme, Henri IV promet le mariage à sa maîtresse, alors qu’il est officiellement l’époux de Marguerite de Valois. Elle lui donne deux autres enfants avant de mourir d’une complication liée à une quatrième grossesse.
La représentation de Gabrielle d’Estrées dans tout l’éclat de sa beauté peut être interprétée comme un hommage rendu à la maîtresse royale. Le pincement du téton pourrait évoquer la lactation, les grossesses qui comblaient le roi, et l’anneau tenu par Gabrielle pourrait symboliser la promesse d’une union avec le souverain.
Empruntée à l’Antiquité, la pratique du bain refleurit dans l’aristocratie à une époque qui associe les soins du corps à ceux de l’esprit ; François Ier exposait ainsi dans l’appartement des Bains, au château de Fontainebleau, les œuvres de sa collection. La pratique du bain est distincte de celle de la toilette. Elle est moins intime. Il n’était pas rare d’inviter quelqu’un à partager un bain où infusaient des plantes odoriférantes. Il était donc courant que des personnes s’installent dans une même baignoire.
Les femmes au bain, un thème majeur de l’école de Fontainebleau
Le thème de la femme au bain apparaît dans le contexte artistique et littéraire extrêmement innovant du chantier du château de Fontainebleau.
En France, dans la première moitié du xvie siècle, les artistes mettent en scène des divinités : le bain de Diane image 1, déesse de la chasse, orne les murs et les plafonds de l’appartement des Bains à Fontainebleau ; celui de Vénus est encore visible dans une fresque de la galerie François-Ier. Prétexte à montrer le nu dans toute sa splendeur, le nu mythologique est un hommage à la beauté féminine.
Le tableau de François Clouet représentant une femme dans son bain, parfois identifiée à Marie Stuart, est considéré comme le modèle des peintures françaises sur ce thème. Sept œuvres déclinant la scène de Gabrielle et sa sœur au bain sont aujourd’hui répertoriées dans des collections publiques et privées image 2, témoins de la célébrité de la composition.
Le cadre et les objets sont représentés avec précision : la baignoire est doublée de linges et entourée d’un « pavillon » (rideau) de couleur rouge qui, une fois fermé, isole ce petit espace du reste de la pièce et maintient la chaleur. À l’arrière-plan, une table couverte d’une pièce de velours vert apparaît devant la cheminée où l’eau du bain a chauffé ; tout près, une dame de compagnie est penchée sur son ouvrage. Le peintre représente l’intérieur d’une noble demeure de la Renaissance, avec notamment sa cheminée ornée d’une peinture.
La dame à sa toilette, un type nouveau de portrait
Le portrait de femme dénudée et représentée à mi-corps est né dans l’école italienne. La Monna Vanna image 3, dessin attribué à l’atelier de Léonard de Vinci, présente une femme parfois identifiée à la maîtresse de Julien de Médicis. Raphaël peint également une femme dénudée image 4, portrait parfois interprété comme celui de son amante, La Fornarina. Il semblerait que ce type de représentation puisse être mis en rapport avec le portrait de la femme aimée : la beauté assure à la dame une place privilégiée auprès de son amant, tandis que la nudité idéalisée du corps l’associe aux déesses nues de l’Antiquité.
Une des variantes du thème de la femme au bain est la dame à sa toilette.
Ce type de composition s’inspire autant des œuvres de Clouet que de la peinture vénitienne. A Venise, la dame n’est plus nécessairement un portrait, mais incarne la Bella, quintessence de la beauté. Ces œuvres ont une dimension intime, sensuelle et séduisante qui annonce les portraits des dames à la toilette de la Renaissance française image 5.
Permalien : https://www.panoramadelart.com/Portrait-Gabrielle-dEstrees-duchesse-Villars
Publié le 24/07/2018
ressources internet
- Un commentaire succinct de l’œuvre sur le site du musée du Louvre
http://www.louvre.fr/oeuvre-notices/portrait-presume-de-gabrielle-destrees-et-de - Questions au commisaire de l'exposition de Chantilly sur la Joconde nue sur France Culture
https://www.franceculture.fr/peinture/joconde-nue-et-consorts-les-premieres-impu - Une fiche pédagogique du musée des Beaux-Arts de Dijon sur le tableau La Dame à sa toilette
http://mba.dijon.fr/sites/default/files/Collections/pdf/ecole_de_fontainebleau_d - Voir aussi le site Histoiredesarts.culture.fr
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glossaire
- Renaissance :
- Mouvement artistique né au XVe siècle en Italie et qui se diffuse dans le reste de l’Europe au XVIe siècle. Il repose sur la redécouverte, l’étude et la réinterprétation des textes, monuments et objets antiques. À la différence de la pensée médiévale qui donne à Dieu une place centrale, c'est l'homme qui est au cœur de la pensée de la Renaissance.
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