La Salle du Trône de Napoléon Ier Percier Charles Fontaine Pierre-François-Léonard Jacob-Desmalter François-Honoré-Georges Verberckt Jacques
La Salle du Trône de Napoléon Ier
Epoque du Second Empire
Auteur
Dimensions
Provenance
Technique
Matériaux
Datation
Lieu de conservation
En France, où se trouve aujourd’hui l’unique salle du trône ?
Devenu empereur des Français le 2 décembre 1804, Napoléon Ier instaure un nouveau protocole pour les audiences et réceptions officielles. Les résidences officielles ainsi que le Corps législatif et le Sénat sont dotés d’un trône. Les palais des Tuileries image 1, de Saint-Cloud, de Fontainebleau sont aménagés par les architectes impériaux Charles Percier et Pierre Fontaine. À la suite de la disparition des palais des Tuileries (détruit en 1871) et de Saint-Cloud, c’est au château de Fontainebleau que l’on retrouve la seule salle du trône in situ encore visible en France image principale.
La chambre du roi
En 1804, Napoléon Ier décide de ressusciter le château de Fontainebleau, délabré et abandonné depuis la Révolution française. Il veut y accueillir le pape pour son couronnement. Ses appartements d’apparat sont installés au premier étage, mais il dédaigne la chambre du roi, qu’il trouve trop imposante. C’est là qu’en 1808, il aménage la salle du trône.
La chambre du roi, d’Henri IV à Louis XVI, est un « espace de majesté » où se déploie le cérémonial monarchique. Elle s’impose par le caractère exceptionnel de son décor. Lambris, plafond détail b, boiseries en partie dorés associent des éléments du XVIIe siècle et du XVIIIe siècle. Ces derniers sont réalisés par l’ornemaniste Jacques Verberckt en 1752-1754. Sur le mur sud, quatre panneaux ornés de guirlandes et de trophées guerriers constituent un ensemble d’une qualité plastique exceptionnelle, qui s’impose comme le chef-d’œuvre de Verberckt détail c détail d.
….transformée en salle du trône de Napoléon Ier
Les architectes Percier et Fontaine, maîtres d’œuvre des grands projets napoléoniens, sont chargés de cette transformation. Ils imaginent une nouvelle iconographie qui ancre le nouveau pouvoir à la fois dans l’Antiquité et dans l’histoire nationale, c’est-à-dire dans l’Empire romain et l’Empire carolingien. Le trône est un ensemble mobilier comprenant une estrade recouverte de velours, le fauteuil du trône, un baldaquin soutenu par deux enseignes en bois doré et des draperies détail e. L’actuel fauteuil du trône de Napoléon Ier détail f, visible dans la salle, est celui conçu à l’origine pour le palais de Saint-Cloud. Comme celui destiné au palais des Tuileries image 2 , il est dessiné par Percier et Fontaine et conçu par l’ébéniste de l’Empereur, François-Honoré-Georges Jacob-Desmalter. Le dossier rond bordé d’un tore de laurier, symbolisant le pouvoir universel et la couronne du vainqueur, donne sa forme originale et novatrice au siège. Le piètement est formé de chimères à tête d’Hercule et peau de lion de Némée. On retrouve le modèle sur un tripode du musée du Vatican que les architectes ont dessiné lors de leur séjour romain. Le velours bleu est brodé d’abeilles en fils d’or par Augustin Picot. Le baldaquin est drapé d’un velours rouge (couleur de la Rome impériale) et d’un taffetas bleu (couleur de la monarchie française), brodés respectivement d’abeilles et d’étoiles. Le fabricant de plumes Dathy compose la garniture en plumes d’autruche au sommet du dais détail e. Deux masques de lion de Marie-Jean Desouches, en bronze doré, fixent les cordons de la tenture au mur détail e. Le dais est soutenu par deux enseignes terminées par un aigle tenant un foudre, et posé sur une couronne contenant le monogramme de Napoléon Ier détail g.
Ainsi, Percier et Fontaine ont composé le trône en assemblant les emblèmes impériaux : abeilles, aigle, monogramme.
Réemplois et nouveautés
Pour meubler la salle du trône, Percier et Fontaine choisissent de recourir à la fois à des commandes et au mobilier de Marie-Antoinette : vingt-quatre ployants du salon des Jeux de Compiègne détail h et deux fauteuils du salon de la reine aux Tuileries image 3 . Ils sont réservés à l’Empereur et à l’impératrice. En plus du siège du trône, Jacob-Desmalter réalise les consoles à têtes de chimère détail i et Pierre-Philippe Thomire les candélabres détail j. Ils sont décorés des Vertus traditionnellement attachées au souverain (la Force, la Prudence, la Tempérance et la Justice) et de trophées guerriers. Un tapis de la Savonnerie détail k est composé par Jacques-Louis de Saint-Ange en 1811. Enfin, un portrait de Napoléon Ier par Robert Lefèvre remplace le portrait en pied de Louis XIII par Philippe de Champaigne (détruit sous la Révolution française) au-dessus de la cheminée. Actuellement, c’est néanmoins une copie de ce dernier qui est en place.
On est aujourd’hui presque étonné, du fait de la notion d’unité de style, de voir à Fontainebleau un ensemble de sièges Louis XVI accompagner le trône de l’Empereur. Or cette notion n’existait pas : elle ne s’est imposée qu’à partir du milieu du XIXe siècle. L’idée de qualité l’emportait sur celle de modernité.
Les différentes vies des trônes de Napoléon Ier
À côté de Fontainebleau détail e et des Tuileries image 1, Napoléon siégeait également au Sénat image 4 et au Corps législatif. L’ébéniste Jacob-Desmalter est à l’œuvre pour les quatre trônes. Destinés à l’usage, les sièges ont subi des modifications et des restaurations au fil du temps. Celui de Fontainebleau détail f, à peine terminé, sert au sacre ; il est garni alors d’une soie cramoisie. En 1808, lors de son installation dans la salle du trône, il est recouvert de son velours bleu. Après la chute de Napoléon, les souverains utilisent le mobilier du Premier Empire en en modifiant les symboles (fleurs de lys contre abeilles). Sous le Second Empire, Napoléon III restaure le siège de son oncle avec un velours cramoisi et des boules de porcelaine image 5 image 6 . L’avènement d’un régime républicain en 1870 rend caduc l’usage d’un trône. Les fauteuils prennent alors une valeur patrimoniale et historique.
Après une très longue restauration, la salle du trône du château de Fontainebleau retrouve le lustre du Premier Empire en 2003, et le fauteuil du trône son velours bleu.
Mots-clés
Antonella Colé
Permalien : https://panoramadelart.com/analyse/la-salle-du-trone-de-napoleon-ier
Publié le 10/10/2025
Ressources
« Le palais de Napoléon Ier », un dossier du Château de Fontainebleau
Un article consacré à la salle de l’Empereur et à la statue de Napoléon au Sénat
Un article du projet Passerelle(s) de la Bibliothèque nationale de France sur les architectes Percier et Fontaine
Glossaire
Ployant : Sorte de tabouret sans bras ni dossier, se pliant en deux.
Tore : Moulure de forme ronde