Grotte du Pech Merle

Grotte du Pech Merle

Paroi des chevaux ponctués, détail d'une main négative

Auteur

Dimensions

Provenance

Technique

Peinture pariétale

Matériaux

Datation

Paléolithique, gravettien (27000-20000 av. J.-C.)

Lieu de conservation

France, Cabrerets, grotte du Pech Merle

Pourquoi peindre des mains ? Mains et chevaux, sont-ils peints par les mêmes hommes ?

La grotte du Pech Merle, dans le Quercy, a été découverte et explorée dès le début du XXe siècle. Elle est constituée de réseaux de galeries et de salles souterraines qui s'étendent sur deux niveaux et sur plus de mille trois cents mètres. C'est dans sa partie inférieure que deux adolescents découvrent en 1922 des peintures de l'époque gravettienne (entre 27000 et 20000 avant J.-C.) qui, par leur nombre, leur taille et leur qualité, font de ce site l'un des plus importants de la préhistoire. Elles sont surtout connues pour les motifs caractéristiques de ponctuation et d'empreintes de mains bien visibles, notamment sur la paroi dite des chevaux ponctués [ image principale ].

La paroi des chevaux ponctués, un décor en plusieurs étapes

Sur la célèbre paroi, on aperçoit deux chevaux dos à dos, tout tachetés de noir et d'ocre rouge. Ces petites taches, ces petits points de couleur, sont désignés sous le nom de « ponctuation ». Ils sont obtenus par projection du pigment à l'aide d'un chalumeau (ou d'une paille) dans lequel on souffle pour en expulser de la matière picturale. Cette paroi n'a pas été décorée en une seule fois. On remarque notamment que plusieurs figures sont venues s'y superposer. Le premier animal tracé sur le mur est un poisson, dessiné en rouge, que le cheval de droite est venu recouvrir en partie [ détail b ]. C'est très certainement la forme naturelle de la paroi, dont le contour découpé évoque la tête d'un cheval vue de profil, qui a donné l'idée à l'homme de la préhistoire de tracer le reste du corps de l'animal, puis de lui en adosser un second. Le contour de cet autre cheval apparaît clairement en superposition du premier dans les parties postérieures. Les empreintes de mains et les ponctuations seraient le fruit d'une intervention ultérieure et auraient même été effectuées en plusieurs temps.

Mains positives et mains négatives

On trouve sur les sites préhistoriques deux types d'empreinte. Il y a celles formées par tampon, dites mains positives : la main est enduite de pigments et simplement appliquée sur la paroi (l'empreinte est sombre sur fond clair). Il y a celles réalisées au pochoir, dites mains négatives : la main est apposée contre la paroi et le pigment est projeté par-dessus (l'empreinte est claire sur fond sombre). Les mains négatives, pourtant moins simples à mettre en œuvre, sont les plus fréquentes, notamment dans la grotte du Pech Merle, autour de la représentation des deux chevaux ponctués.

Entre l'art et le signe

L'art de la préhistoire comporte peu de représentations humaines. Ces empreintes volontairement laissées par l'homme intriguent et soulèvent beaucoup d'interrogations. Quelles étaient leur fonction, leur signification ? Dans la grotte du Pech Merle, aux côtés des chevaux ponctués, ne sont-elles là que pour compléter les figures animales par un motif décoratif simple à réaliser ? Si, à Pech Merle, tous les doigts des mains sont visibles et complets [ détail c ], ce n'est pas le cas sur tous les sites préhistoriques. À Gargas, dans les Pyrénées, on trouve par exemple des empreintes de mains auxquelles il manque des phalanges. Nombre d'interprétations ont été formulées à leur sujet : certains ont pensé qu'elles pouvaient faire allusion à des amputations rituelles, d'autres à une langue des signes mise au point par les chasseurs, pour communiquer sans être repérés par le gibier. Malheureusement, les indices archéologiques pour ces périodes restent trop succincts pour confirmer de telles hypothèses et apporter des réponses claires et catégoriques. Les chercheurs ont en revanche pu progresser en découvrant que, contrairement à une idée répandue, les mains qui servaient de pochoir étaient aussi bien celles d'hommes que de femmes. Les mains négatives du gravettien témoignent surtout de la volonté des hommes et des femmes de cette époque de laisser derrière eux une trace parfaitement reconnaissable de leur existence, de leur passage dans un lieu donné.

Alors, si personne ne peut savoir s'il s'agit d'ex-voto, de symbole de cérémonies sacrificielles ou magiques, de figuration, d'ornement, de signature, il suffit de regarder et d'admirer l'empreinte de la main de l'homme – et de la femme – comme une énigme, une sublime énigme.

Christine Perney

Permalien : https://panoramadelart.com/analyse/grotte-du-pech-merle

Publié le 22/11/2011

Glossaire

Gravettien : Culture du Paléolithique supérieur que l’on situe entre 29 000 et 22 000 ans av. J.-C. environ. Elle tire son nom du site de la Gravette à Bayac, en Dordogne. Dans l’art mobilier, les statuettes féminines, dites « vénus », sont caractéristiques de cette période.

Ponctuation : Dans la peinture préhistorique, le terme « ponctuation » désigne tous les signes en forme de point.

Mains positives et mains négatives : Ces termes désignent les empreintes de main, caractéristiques des peintures préhistoriques, selon qu’elles ont été obtenues par l’application d’une main préalablement enduite de pigment (positive) ou par projection de pigment autour d’une main posée sur la paroi (négative).

Paléolithique : ou « âge de la pierre ancienne ». Première période de la Préhistoire qui, en France, s’étend entre 800 000 et 10 000 ans av. J.-C. environ. Elle est marquée par l’arrivée des premiers hommes : c’est l’époque des chasseurs-cueilleurs nomades.

Ex-voto : Objet offert à une divinité et placé dans un lieu de culte pour la remercier d’un bienfait ou en solliciter un.

Ocre : Roche tendre composée d’argile, de quartz et d’oxyde de fer. C’est l’oxyde de fer qui lui donne une couleur plus ou moins foncée, pouvant aller du jaune au rouge.