Théâtre d’Orange

Théâtre antique d'Orange

Auteur

Dimensions

D. 103 m ; mur de scène : H. 37 m ; L. 61 m

Provenance

Technique

Architecture

Matériaux

Datation

Ier siècle ap. J.-C.

Lieu de conservation

France, Orange

Le théâtre romain, un théâtre pour tous ? Quels spectacles à l’affiche ?

« La plus belle muraille de mon royaume », affirmait Louis XIV ! Le théâtre d’Orange est sans conteste l’un des plus beaux de l’Antiquité romaine, et l’un des mieux préservés. Il a, en particulier, conservé son impressionnant mur de scène [ image principale ], typique d’un théâtre romain.

Une synthèse architecturale entre la Grèce et Rome

La forme du théâtre antique d’Orange s’inspire des théâtres grecs, comme celui de Delphes [ image 1 ], mais rappelle aussi des édifices romains comme celui de Bosra en Syrie [ image 2 ]. Si les théâtres romains sont généralement entièrement construits, celui d’Orange présente la particularité d’être adossé à une colline, comme en Grèce sinon, il a toutes les caractéristiques d’un théâtre romain.

Il est constitué de trois parties distinctes [ détail b ] : la cavea, soit l’ensemble des gradins elle est semi-circulaire. En contrebas des gradins se trouve l’orchestra, réduite à un demi-cercle, où prennent aussi place certains spectateurs. Dans le théatre grec, cette partie est ronde et joue un rôle dramatique très important car le chœur qui présente et commente l'action y évolue. Mais, dans le théâtre romain, le chœur et les acteurs se produisent désormais sur la scène. Peu développé en Grèce, le mur de scène, ou frons scaenae, est devenu très imposant. À Orange, il atteint 37 m de hauteur et occupe toute la largeur du théâtre. Il se prolonge par deux grandes salles rectangulaires sur les côtés. La scène proprement dite, le proscenium, était en bois ; située entre l'orchestra et le mur de scène, elle mesurait 61 m sur 9.

Une façade de palais

Alors que les théâtres grecs sont ouverts sur le paysage, le regard ici porte sur le mur de scène très monumental. Il offre un décor architectural imposant, évoquant une façade de palais, avec ses trois étages de colonnes, ses placages de marbres et de stucs, et ses statues [ détail c ]. Celle de l'empereur Auguste trône dans la niche centrale [ détail d ], car le théâtre d'Orange a été construit sous son règne. Trois portes y sont ouvertes pour l’entrée des acteurs la porte royale au centre, pour le roi, dans les tragédies, les portes latérales pour les autres personnages les figurants entraient par les côtés de la scène. Il existait aussi un système de décor amovible et un rideau de scène qui ne se levait pas mais s'abaissait. Au-dessus de la scène se trouvait un auvent qui servait d’abat-son : les trous destinés à en loger les poutres subsistent. Pour protéger les acteurs et les spectateurs des ardeurs du soleil, de vastes toiles (vela) étaient tendues au-dessus de la scène et des gradins.

Quels spectateurs à quelles places ?

Le théâtre d’Orange pouvait accueillir 9 000 spectateurs. Ce chiffre qui paraît aujourd'hui considérable, était en réalité assez moyen pour les Romains, passionnés de théâtre. Le spectacle était gratuit et accessible à tous. Le public se répartissait en fonction du rang social : les sénateurs s’asseyaient sur des sièges mobiles installés dans l’orchestra, puis les trois premiers rangs de gradins accueillaient les chevaliers. Plus haut se trouvaient les citoyens, les membres des corporations et les commerçants, puis les gens du peuple et enfin les esclaves. On venait en famille, avec des coussins pour un meilleur confort et avec de quoi manger car les représentations comprenaient souvent de nombreux intermèdes et pouvaient être très longues.

Quels spectacles ?

La saison théâtrale durait d’avril à septembre. On donnait des tragédies et des comédies, comme en Grèce [ image 3 ], mais les représentations avaient évoluées. Dans le monde romain, on coupa de plus en plus les dialogues des tragédies, pour ne garder que les parties chantées. Un soliste ou pantomime les interprétait en mimant et en dansant, accompagné d’un chœur de danseurs et de musiciens [ image 4 ]. Les acteurs tragiques, dont certains fort célèbres, étaient uniquement des hommes qui portaient des masques, des perruques et des costumes, permettant de reconnaître les personnages qu'ils jouaient. Les comédies classiques, celles de Plaute ou de Térence, furent de plus en plus souvent remplacées par des mimes, farces inspirées de la vie quotidienne, jouées par des acteurs sans masque ni costume particulier. Des actrices y tenaient les rôles féminins. Le spectacle se terminait souvent par une farce appelée atellane où des acteurs masqués incarnant quatre personnages, toujours les mêmes, improvisaient une histoire bouffone. Ce divertissement ancien est à l'origine de la commedia dell'arte.

Un symbole de la romanisation

Au fur et à mesure de leurs conquêtes, les Romains ont construit des villes sur le modèle de Rome, avec des monuments similaires : forums, temples, thermes, édifices de spectacles ou de jeux (théâtres, amphithéâtres ou arènes, cirques). Cette architecture marquait l’appartenance à la civilisation romaine et permettait d’unifier par un même mode de vie tous les peuples conquis.

Abandonné après la chute de l’empire au IVe siècle, le théâtre d’Orange renaît au XIXe siècle et accueille chaque été l’un des plus prestigieux festivals d’opéras européens, les Chorégies d’Orange.

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Françoise Besson

Permalien : https://panoramadelart.com/analyse/theatre-dorange

Publié le 22/09/2022

Ressources

Des extraits d’opéra dans le théâtre d’Orange

https://www.choregies.fr/

Un site ressource sur le théâtre, la littérature et les lieux de spectacle antiques

http://www.mediterranees.net/civilisation/spectacles/index.html

Glossaire

Forum : Dans l’urbanisme du monde romain, le forum est la place principale d’une ville. C’est là que se discutent les affaires publiques.

Thermes : Bains publics.

Stuc : Mélange de chaux et de plâtre, de sable ou de poudre de marbre lié par de la colle. Plus facile à travailler que le marbre, il peut être étalé mais aussi moulé pour obtenir des motifs en relief (sculpture, cadres, colonnes…).